jeudi 27 juillet 2017

6 - ESSENCES ETERNELLES ET CONSTANTES FONDAMENTALES



Pour Platon l’âme immortelle a contemplé jadis les Idées éternelles dont elle doit à nouveau se ressouvenir dans le monde sensible. Comment comprendre que les Idées puissent être immortelles de sorte qu’aujourd’hui nous pourrions réinterpréter la doctrine platonicienne comme « potentialités en devenir » ? Les idées relèvent du concept qui traduit l’essence des choses. Il existe des essences éternelles qui manifestent l’éternité d’un même phénomène car l’essence n’a de sens que si, comme potentialité, elle est susceptible de s’incarner dans un objet, corps, phénomène. L’essence relève de la non matérialité, de la méta-physique, et se définit comme l’ensemble des lois physiques, biologiques et principes qui permettent à la matérialité brute d’être comme étant.

Les essences éternelles premières sont  celles qui assurent la structure de l’univers pour le maintenir en sa permanence. L’éternité de ces essences premières a pour corollaire l’éternité de l’univers et conduisent à celle des constantes physiques fondamentales. En effet, pour que l’univers existe dans sa permanence, il faut que sa base fondamentale soit immuable et à partir de laquelle l’évolution et la complexité deviennent possibles. On ne peut concevoir un univers intrinsèquement variable, ce qui supposerait que cette base soit soumise à fluctuations, rendant aléatoire son existence. Exister c’est donc que l’Être soit dans sa permanence pour permettre l’évolution qui ne saurait concerner la base elle-même sans laquelle rien ne serait.

Qu’en serait-il d’un univers historique tel que la théorie du bib bang l’envisage ? L’univers, pour surgir brutalement le jour de sa création, doit être doté immédiatement des conditions de son être pour exister. Ses constantes fondamentales (C,h,G,e) s’imposeraient comme sa base permanente structurées relativement les unes aux autres. Elles passeraient de la potentialité à l’actualité, ce qui suppose qu’elles soient DEJA contenues dans cette matérialité puisqu’il est impossible de dissocier celle-ci de son essence : tout se qui émerge implique immédiatement l’organisation de sa substance par son essence.

S'il s'agit d'une potentialité, elle ne peut s'extraire du néant car une potentialité issue du néant n'a pas de sens puisque sa concrétisation, suppose qu’elle soit contenue dans un ensemble de possibles réels. En effet, il ne faut pas qu’il s’agisse d’une potentialité rétroactive qui prouve sa nécessité par sa présence en dévoilant sa cause. Nous pourrions aussi bien imaginer une infinité de potentialités qui pour l’heure sont en attente de leur cause créatrice : dire qu’un acte est potentiel, encore faut-il décrire le champ du réel où se trouve sa probabilité d’existence.

Dès lors dans l’hypothèse de la création ex nihilo l’émergence de la totalité de la matière universelle suppose que surgissent dans « le même temps » les constantes qui vont structurer sa base puisqu’elles sont liées à cette matérialité. La question est de savoir « où » pouvaient bien se trouver l’essence de ces constantes ? Comme elles se trouvent dépendantes de la matérialité et que celle-ci est néant, elles ne pouvaient pas être, même comme potentialité. Ainsi, le plus abstrait – l’essence – ne peut pas plus que sa matérialité s’extraire d’un néant.

Il ne peut donc y avoir création à partir du néant, ce qui nous amène à nous demander si on peut imaginer différents types d’univers possibles, tels qu’existeraient potentiellement plusieurs structurations de base de celui-ci. Cela suppose que devrait exister un matériau non créé à partir duquel la matière surgirait car autrement nous retomberions dans l’aporie d’une émanation ex nihilo. Ce matériau ne peut être que l’espace lui-même dont les propriétés déterminent « potentiellement » celles de la matière et donc la valeur des constantes fondamentales. Pour qu’il y ait un autre univers, il faut que ces propriétés de l’espace changent, qu’il y ait un « autre type » d’espace ou la vitesse limite serait supérieure ou inférieure à C par exemple. Or l’espace est un continuum absolu puisque ne pouvant intercaler des vides interne à sa structure. La densité de  l’espace est donc par essence invariable car seule pourrait varier son élasticité, ce qui impliquerait une toute autre substance, laquelle devrait s’emplir également elle-même, sans vides intercalaires. De là il résulte que la densité de la substance de l’espace est la seule et unique possible et que la vitesse C qui en découle est une constante invariable en tous temps, elle est éternelle. Il faut donc conclure que les constantes qui structurent notre univers sont éternelles, d’où l’affirmation qu’il n’a pu exister et n’existera qu’un seul univers possible.

lundi 24 juillet 2017

5 - PREMATIERE, TEMPS ET ETERNITE



Dans le domaine de la cosmophysique, nous avons le choix comme point de départ de tous les développements qu’entre deux positions : soit nous optons pour un univers éternel et incréé, soit pour un univers créé surgit du néant ainsi que l’envisage les théoriciens du big bang. Ce dernier peut être cyclique comme l’imagine certaines cosmogonies et acquérir le caractère de l’éternité par le renouvellement perpétuel des cycles.

Mais nous pouvons imaginer un univers qui soit à la fois éternel et dynamique en distinguant ce qui est immuable de ce qui est en mouvement, ce qui est incréé et de ce qui est créé.
L’éternité non créée sera celle de la substance de l’espace à partir de laquelle la matière pourra être engendrée. Il nous faut distinguer deux substances : prématière et matière dont les statuts et propriétés seront différents. A l’une (prématière) sera attribuée les caractères de l’éternité, à l’autre (la matière) celle d’être dans le temps. Etre dans le temps signifie qu’il y a eu création mais aussi qu’il y aura disparition puisque par définition le temps se distingue de l’éternité : la notion de durée implique un début et un fin.

La substance éternelle de l’espace n’a pu dépendre d’aucune procédure d’émergence. Son (être-là) est absolument nécessaire: la substance de l’espace n’a pu trouver antérieurement refuge dans un autre lieu que l’espace lui-même, dans aucun néant précédant son être-là. Aussi, RIEN ne saurait être avant l’espace-substance lui-même car il semble dans la logique du monde que le lieu du phénomène doive être avant ce phénomène.

N’ayant pas de cause originelle, étant sa propre cause, la substance de l’espace n’obéit ni n’est soumise à aucune loi causale. Tout au contraire, c’est à partir de sa seule et unique propriété éternelle (la densité absolue) que vont dériver toutes les autres lois de l’univers.

Par (l’être-là) d’une substance immuable, nous sommes assurés d’une stabilité de l’Univers, d’un repos à partir duquel le mouvement est rendu possible : sans définition d’un état de repos fondamental, on ne peut définir le principe du mouvement.

Dès lors s’ouvre à la connaissance la première loi physique, celle qui permet le passage du repos au mouvement et par conséquent de (l’être-là) inerte et informe de la substance de l’espace à l’étant individualisable, de (l’être-là) à l’existant. Cette première loi est celle qui commande la vitesse invariante et absolue de la lumière et qui a pour cause la densité de l’espace substance.

Du principe fondamental de constance et d’immutabilité de l’Univers prématériel dérive ceci que les constantes essentielles qui commandent les lois de la matérialité sont elles-mêmes immuables et que nous ne saurions constater les fluctuations de celles-ci. Ainsi la vitesse de la lumière ne peut varier puisqu’elle résulte de la densité absolue d’un milieu qui est celui de la substance de l’espace. De même, la création de particules résultant d’un changement d’état de la prématérialité, est-elle totalement déterminée par la densité de ce milieu. Enfin, les constantes G, h, e qui sont celles de la gravitation et de l’électromagnétisme dépendent-elles du moment cinétique des particules (spin) lequel est à relier à la vitesse de la lumière. Ainsi les constantes physiques, d’où dérivent les lois physiques, reçoivent-elles leur propriété première d’immuabilité des propriétés de l’espace-substance : l’une ne saurait varier sans que la totalité des lois de l’univers en soit bouleversés.

Aussi, comme l’espace-substance est dans son principe immobilité absolue et qu’un changement supposerait une cause totalement interne pour y introduire une variation, nulle mutation ne semble envisageable. C’est donc bien la preuve a contrario qu’il est impossible que l’espace-substance puisse évoluer : l’espace-substance qui occupe tout lieu de l’espace ne peut introduire d’autres espaces qui en modifieraient la densité ni ne peut s’étendre sur « autre chose » que lui-même.
Dès lors, de l’intangibilité de l’espace-substance on peut conclure à l’immuabilité et éternité des lois et constantes directement dérivées de ses propriétés. Nous sommes donc assurés d’une stabilité absolue et d’une présence éternelle d’un univers