La question de l'origine de l'univers est par définition la première
de toutes les questions quand il s'agit de s'interroger sur le sens
de notre être au monde. Doit-on supposer une cause première ou
opter pour une origine sans cause ?
L'idée d'une cause première implique immédiatement celle d'une naissance et la quasi totalité des cosmogonies y recourent. Le big bang originel s'inscrit dans cette tradition qui suppose la naissance de l'univers un jour « j », il y a 13 milliards d'années environ.
Mais quelle est la cause de ce big bang, quel est l'origine de ce processus créateur ? Pourquoi y-a-t-il eu naissance et non pas plutôt rien ? Et pourquoi ce jour « j » et pas plutôt avant, pas plutôt après ? Où donc se trouvait en réserve cette énergie créatrice, laquelle suppose que des objets physiques fussent en mouvement pour justement exprimer cette énergie car celle-ci n'a pas de réalité physique et n'est que mesure du mouvement. Il est ainsi impossible de définir une cause et on peut affirmer sans se tromper que le big bang n'a pas de cause, que ce fut un phénomène spontané sui generis et on peut y retrouver la main bénie d'un dieu quelconque comme créateur du monde.
Une toute autre catégorie de raisonnement nous oblige si nous
refusons l'idée de création en affirmant que l'univers a toujours
été, qu'il est incréé et éternel, que seul se renouvelle le
cycle des étoiles qui naissent et disparaissent. Ce qui est incréé
est alors la substance de l'espace ou prématière à partir de
laquelle la matière peut paraître comme ondes ou particules. Il n'y
aurait plus lieu d'imaginer une cause première globale pour la
totalité de l'univers mais un cause unique indéfiniment
renouvelable de création et disparition de matière à partir de
cette prématière éternelle et partout présente comme constituant
la substance de l'espace.
Cependant, nous n'en avons pas fini avec la question de la cause
première qui est a reporter sur celle de la présence de
l'espace-substance à lui-même. On ne peut imaginer une cause
créatrice puisque l'espace incréé a toujours été. On peut dire
que la présence éternelle de l'espace-substance est sans cause, que
l'être-là de l'univers ne s'explique pas, qu'il dépasse les
capacités humaines de raisonnement et que, pour se poser la question
du pourquoi et du comment, encore faut-il qu'existent dés hommes, ce
qui implique que cet univers lui même existe pour engendrer la
pensée.
A ce stade de notre raisonnement, nous constatons que partisans du
big-bang et ceux de l'univers incréé parviennent à la même
conclusion : il est impossible de trouver une cause tout aussi
bien du processus déclencheur du big-bang que de l'existence de la
prématière composant l'espace. Il apparaît que chacune des thèses
peut avoir ses partisans puisque confrontées aux mêmes impasses,
aux mêmes apories. Dés lors ce choix ne peut relever que d'un acte
de foi qu'il soit laïque ( scientifique) ou religieux.
Pourtant, il nous semble que la thèse d'une substance de l'espace
incréée présente une nette supériorité quant à la question de
la cause. C'est que par définition l'éternité d'une substance
incréée ne peut avoir de cause laquelle suppose toujours une
distinction entre le phénomène causale actif et l'objet passif
receveur. Ce qui a est éternel ne peut avoir été autre
que lui-même et n'a pas eu besoin de cause pour être là, puisque
toujours-là. La recherche de la cause première suppose toujours
l'idée d'un acte créateur tel que cette cause fasse passer de
l'inexistant à l'existant, d'un état donné à un autre. La cause
première ne peut être celle qui se cause elle-même mais se trouve
à l'origine du système des causes par lequel le processus de la
matière s'enclenche.
En définitive, la thèse du big bang se trouve enfermée dans son
aporie, condamnée à assumer l'idée d'une création qui se produit
sans cause alors même que l'idée d'un surgissement à partir d'un
ailleurs suppose une cause créatrice dont on affirmera qu'elle est
impossible de la définir. A l'inverse, il est dans la logique d'un
univers incréé qu'il n'y ait pas de cause à la présence éternelle
de l'espace-substance puisque la possibilité d'une cause serait
contradictoire à cette éternité de présence
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